vendredi 18 février 2011

Article Océan racing & Surfski sur Echo des Pôles n°15


Un excellent article d'Olivier TANTON paru dans l'écho de pôle sur l'ocean racing et le surfski .

Source Olivier Tanton / FFCK



L’océan racing,
Une piste pour l’acquisition d’une expertise en CEL et descente

Océan racing, surf ski, kézaco ??
L’océan racing est une discipline de mer qui se pratique sur des surfs ski, kayak sit on top de 5,50 à 6,70m de long par 0,40 de large. Leurs poids varient de 8 à 20kg. La jauge « raisonnable » propose des bateaux aux environs de 10 à 12kg, ce qui permet d’allier résistance et rigidité en répondant aux exigences du milieu marin.



Le surf ski est un bateau directeur qui doit être dirigé avec l’assistance d’un gouvernail. Son étrave propose un plan de dérive efficace à l’avant. L’arrière est quand à lui plus planant, ce qui facilitent le départ au planning pendant les survitesses au surf.

L’accastillage est simple. On dispose d’un siège et d’une fosse pour les jambes intégrés dans le dessin du pont. La barre de pied est réglable. Le système de contrôle du gouvernail n’est pas un palonnier comme en CEL mais des pédales actionnées par les hauts des pieds. Ce système permet de conserver l’appui talon essentiel pour la transmission de l’appui et le contrôle de la direction car ces actions sont permanentes et simultanées dans la navigation. Ce dispositif est également utile pour la conservation de l’équilibre dynamique par mer formée.


Car le terrain de jeu du surf ski est l’eau salée mais il peut être également utilisé en plan d’eau intérieur et même en rivière (marathon de l’Ardèche) La mer formée par le vent reste son terrain de prédilection. En effet, ces engins taillés pour la vitesse et le surf permettent de profiter des houles du large, ondes qui ne déferlent pas comme des vagues du littorale. Elles proposent des pentes suffisantes pour permettre aux kayakistes de partir au surf. Les performances réalisées dépendent de l’état de la mer, de la hauteur de la houle, de sa fréquence, de la force du vent et bien sûr du niveau du pagayeur. Au plus haut niveau, on peut observer des moyennes horaires à plus de 8 nœuds (soit plus de 14km/h) avec des pointes de vitesse à 15 nœuds (soit 27km/h). A titre de comparaison, un kayak de mer classique progresse à 4 nœuds maximum. Le champion de France 2010 en marathon est lui à 6,5 nœuds soit 12km/h sur 30km.


Les formats de course sont très variés. De 3 à 45km, le cahier des charges à l’internationale imposent au moins 80% du parcours au portant (vent et houle dans le dos), ce qui implique une connaissance pointue de la météo pour la réalisation du parcours en « down wind ». La
majorité des courses de référence se disputent sur des temps de course de 1h30 à 2h30 soit 20 à 35km. L’océan racing est donc une discipline d’endurance.

Contexte internationale


Reconnu en 2008 par la FIC, la discipline se structure à l’internationale sous l’impulsion des 2 nations leaders depuis sa création, à savoir l’Australie et l’Afrique du Sud. Même si les championnats du Monde n’ont pas encore été officiellement organisés sous l’égide de la FIC, l’océan racing prend une ampleur en mobilisant parfois plus de 30 nations au départ de compétitions de référence.


A noter que le TOP 10 mondial est composé exclusivement de professionnel qui vivent de leurs contrats publicitaires et des prizes money distribués sur chaque grande compétition. Ce TOP 10 est actuellement composé uniquement d’Australiens et d’Africains du Sud. 2 sites internet de référence vous permettront de glaner plus d’informations sur le programme des courses, les vidéos reports des grands évènements http://www.surfski.info/ http://www.oceanpaddler.com/

En 2010, un circuit « coupe du monde ISPA » a été mis en place sous l’impulsion de ces 2 nations. Il ne dépend pas de la FIC qui a elle-même proposée un circuit international.
Pour 2011, l’ISPA a déjà programmé ses 7 étapes de sa coupe du monde dont une épreuve se déroulera en Guadeloupe avec les défis kayak archipel Guadeloupe (www.defiskayak.fr )


Intérêts de la pratique


Quel est l’intérêt d’emmener des pagayeurs de bateaux directeurs (rivières et d’eau calme) en pleine mer ??

En tout premier lieu, il y a l’attrait de la nouveauté, de l’originalité et de la découverte. En effet, lors des phases d’entraînements intensifs, sur des périodes à fort kilométrage, la lassitude peut parfois prendre le dessus sur la motivation et sur l’implication des pagayeurs dans leur travail au quotidien. Proposer une séquence en océan racing peut alors apporter une note d’originalité par un changement de support, de milieu, de technique et de sensation. Malgré une période d’apprentissage, la quête de plaisir et de glisse est très vite comblée. La navigation variée demande une attention et une adaptation permanente au milieu. L’entraînement, c’est avant tout être capable de modifier les équilibres pour obtenir des remises à niveau supérieur. Déstabiliser pour valider des acquis et ce, dans les 3 domaines (Physique, technique et psychique), c’est un des atouts de l’entraînement en océan racing.

De l’équilibre à l’équilibre dynamique

Le transfert le plus évident de l’océan racing est vers la course en ligne. En effet, il s’agit du même principe d’équilibre avec des points de contact identiques (Bassin, talons et genoux serrés) et un trépied
équivalent en terme de surface. Même si la coque est plus stable en surf ski, c’est un avantage vite comblé par l’instabilité du milieu marin.
L’acquisition d’un équilibre dynamique en OR passe par la capacité à dissocier totalement ce qui se passe en haut du corps principalement dédié à la création de l’appui, de ce qui se passe dans le bas du corps (à partir de la charnière lombo-sacré du rachis) principalement dédié à l’équilibre. Il faut parvenir à laisser vivre le bateau dans les vagues. Cette dissociation que l’on retrouve en descente et course en ligne à la particularité en OR d’être une nécessité permanente tout au long de la navigation. Le plan d’eau est par définition en permanence instable. Cette exigence développe :
* Une tonicité des muscles de stato-dynamique du tronc (oblique, dorsaux, grand droit, lombaires)
* La proprioception de l’équilibre dynamique (créer un appui tout en gérant l’équilibre du système « bateau-pagayeur »)
Le transfert attendu pour l’eau plate
* Amélioration de la transmission de l’appui par l’amélioration du gainage de la chaîne d’appui
* Adaptation aux conditions difficiles rencontrées sur certains plans d’eau
* Simultanéité des tâches propulsives et équilibratrices : l’équilibre dynamique


Pour la propulsion

On utilise le même matériel qu’en CEL même si la longueur des pagaies et la largeur des pales sont revues à la baisse en eau salée. Il ne faut pas oublier que le bateau à tirer est très grand (6,50m en moyenne) et que la surface mouillée implique une force de frottement plus importante qu’en CEL et même qu’en descente. Lors des remontées face au vent ou à la mer, ces frottements augmentent.
L’intérêt de la pratique de l’OR est de développer une qualité d’appui à l’accélération. Les départs au surf nécessitent la recherche d’efficacité sur 4 à 6 appuis. Dès que la survitesse est effective, on peut relâcher l’effort pour reprendre à la vague suivante… Si l’on compte 4 à 6 accélérations par minute, on en fait 240 à 360 par heure ! En tenant le rythme des meilleurs…
L’OR développera la capacité des pagayeurs à trouver instantanément et efficacement l’appui. Cette qualité semble essentielle dans les épreuves de sprint, et notamment sur le 200 mètres où chaque coup de pagaie sera déterminant à la réalisation de la performance.

Pour la lecture du plan d’eau

On l’a bien compris, aller vite en océan racing, c’est avant tout prendre un maximum de surf, profiter au mieux de l’énergie des vagues. Pour cela, il va falloir décrypter le support afin de déterminer quel moment est le plus propice pour déclencher son accélération. Le pagayeur est donc en permanence à la recherche d’indice sur le relief de la mer et la dynamique de son bateau. La quête est permanente : de la pente pour partir en survitesse. Cette démarche implique une décentration du regard et sur sa tâche pour l’observation de l’environnement directe, qualité que l’on éprouve dans toutes les spécialités en CK.
* Slalom : analyse des champs de force de la rivière et la visée de la prochaine porte
* Descente : analyse des champs de force de la rivière, placement des appuis et réalisation de la trajectoire
* CEL : tenir son couloir et observation de ses adversaires directes
* Polo : analyse de la position des joueurs adverses et de ses équipiers
En océan racing, l’analyse de l’environnement implique ensuite le placement des appuis et leur intensité. Elle détermine également les variations de direction pour pouvoir profiter des vagues et également tenir le cap fixé.


Comment organiser une séquence d’océan racing ??

Il existe quelques grands clubs en France. Cherbourg et Brest semblent les plus à même pour l’accueil d’une équipe sans matériel. Ils disposent d’équipement variés (K1, K2, différents type de kayak) d’une structure d’accueil complète (hébergement, base nautique, salle de musculation à proximité) et d’un plan d’eau propre à la pratique pour tout niveau (du débutant à l’expert) Des compétences sur place sont également sollicitables.
D’autres clubs sont capables de dépanner en matériels. On peut obtenir des informations pour l’organisation de vos projets de stage en se rapprochant des cts concernés (Bretagne, Normandie, PACA ou Languedoc Roussillon)
La Guadeloupe proposera prochainement un centre d’accueil et d’entraînement d’océan racing. Avec 40 embarcations, structure d’accueil et d’entraînement sur place, parcours variés (en navigation côtière ou d’île en île) sur le terrain de jeu idéal de l’OR (vent stable, mer chaude, houle parfaite pour le portant) Votre séjour pourra se coupler à la participation à l’une des nombreuses compétitions régionales (8 par an) nationales (2 par an) ou internationales (2 par an) Il faut juste compter le billet d’avion en sus (400 à 500€ suivant la saison) mais franchement, cela vaut le déplacement…
Ken WALLACE (Australie) Champion olympique du 500 mètres et grand océan rider. Le bonnet ridicule porté sur la photo du bas est la marque de fabrique du sauvetage côtier et ne constitue pas un des équipements obligatoires pour la pratique en France !

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